Poietis et L’Oréal veulent bio-imprimer des cheveux
Spécialisée dans la bio-impression de cellules assistée par laser, la start-up Poietis a conclu un contrat de collaboration exclusif avec L’Oréal. Les deux partenaires ambitionnent de relever un défi scientifique inédit : imprimer un follicule pileux, qui produit le cheveu, avec une bio-imprimante.
S’appuyant sur une technologie novatrice, unique au monde, développée pendant une dizaine d'années à l'Inserm et à l'Université de Bordeaux, la start-up Poietis est capable de « bio-imprimer » en 4D, avec une bio-imprimante assistée par laser, les constituants des cellules avec une résolution et une précision de l’ordre de 20 microns. Elle conçoit et développe ainsi des tissus biologiques humains destinés à la recherche et à la médecine régénératrice, ainsi qu’à l'industrie pharmaceutique et cosmétique. Les marchés sont multiples :
- tests de l'innocuité des produits sans passer par la phase de l'expérimentation animale ;
- découverte de médicaments par la fabrication de modèles prédictifs caractéristiques d'une maladie ;
- médecine personnalisée avec la fabrication de tissus personnalisés à partir des cellules du patient…
Des modèles sur lesquels travailler
Cette fois, Poietis s’attaque à un nouveau défi : bio-imprimer un follicule pileux, le petit organe produisant le cheveu. Ce challenge, elle le mènera de concert avec le géant des cosmétiques L’Oréal, avec qui elle a conclu un contrat de collaboration exclusive pluriannuel.
« La collaboration avec L'Oréal devrait déboucher sur le développement d'applications innovantes en ingénierie tissulaire »
« Nous sommes sur de la production de modèles, précise Bruno Brisson, directeur général et directeur du développement d'affaires de Poietis. Avec ces follicules, L'Oréal va pouvoir enrichir ses connaissances et travailler sur l'identification de nouveaux actifs.» L’objectif n’est donc pas de produire des cheveux à réimplanter mais des modèles sur lesquels L’Oréal pourra travailler. Du moins, dans un premier temps. « La collaboration avec L'Oréal devrait déboucher sur le développement d'applications innovantes en ingénierie tissulaire, poursuit Bruno Brisson. Si cela fonctionne, nous pourrons ensuite, à plus long terme, ouvrir la porte à des utilisations cliniques et thérapeutiques. »
I
nstallée à Pessac dans la banlieue de Bordeaux, Poietis, dirigée par le professeur Fabien Guillemot, emploie désormais 21 personnes. Ce partenariat signé avec L’Oréal valide son modèle économique mixte, appuyé sur les contrats de recherche mais aussi sur le développement d’un programme en propre de modèles de peau qui devraient être commercialisés dès 2017. « Lorsque la start-up a été créée, nous comptions d'abord fournir des modèles à l'industrie pharmaceutique et cosmétique, puis, 7 à 10 ans après, commencer à développer le 2e étage pour amener notre technologie au bloc, explique Bruno Brisson. Mais, deux ans après la création de Poietis, nous avons de l'avance sur ce plan de marche. Des discussions sont en cours avec des partenaires potentiels. Si tout se passe bien nous pourrions imaginer d'aller un peu plus vite vers les applications cliniques. » Si ces perspectives se confirment, la start-up bordelaise devra de nouveau lever de fonds, après un premier tour de table réussi en décembre 2015 à hauteur de 2,5 millions d'euros.