Comment construire le bâtiment de demain ?
Pour faire face aux enjeux de développement durable, de croissance de la population ou encore de densification urbaine, le secteur du bâtiment doit se réinventer.
Repartir sur des bases durables. Avant la crise du Covid-19, le secteur de la construction s’affichait comme un poids lourd de l’économie française avec 1,5 millions de salariés et près de 400 000 entreprises. Mais le secteur souffrait déjà d’une pénurie de main d’œuvre, de problèmes de rentabilité ou encore de respect des délais et des budgets.
Pour inventer le bâtiment de demain, un bâtiment intelligent, rapide à construire et respectueux de l'environnement, le secteur du BTP doit se transformer. Et pour cela, « les deux outils clés seront le BIM1 et la préfabrication » affirme Emile Garcia, responsable Innovation Industries chez Bpifrance.
Le BIM : « un véritable carnet de santé numérique du bâtiment »
« Plus qu’une simple maquette numérique, ou plan 3D agrégeant les données, le BIM est avant tout une méthode collaborative qui permet à l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur de la construction, particulièrement fragmentée, de travailler ensemble. », explique Guillaume Sever, responsable suivi participations et spécialiste du BTP chez Bpifrance.
Grâce au travail collaboratif, la conception et la rénovation de demain seront optimisés et gagneront en rentabilité en réduisant les coûts (-15 % environ), les délais ainsi que les malfaçons sur les chantiers.
A terme, le BIM s’imposera comme une partie intégrante du bâtiment de demain, en le suivant de sa conception, son exploitation/maintenance, jusqu’à sa déconstruction, « tel un véritable carnet de santé numérique », soutien Guillaume Sever. Mais pour accélérer son adoption, « il sera nécessaire de soutenir la filière dès l’amont notamment via des bureaux d’études, pour en faire de véritables champions du BIM », ajoute l’expert.
Vers une industrialisation et une digitalisation du secteur
Avec le BIM, les bâtiments de demain seront de plus en plus pré-assemblés en usine. En conséquence : la part des travaux sur chantier va diminuer. Cette systématisation du « hors-site » permettra « d’être plus flexible, d’avoir une meilleure maîtrise des coûts, et du point de vue environnemental, de générer moins de déchets et moins de nuisances en ville. », assure Emilie Garcia.
Avec la mobilisation de ressources davantage en amont (côté conception et usines) et l’utilisation accrue des nouvelles technologies numériques comme l’impression 3D, IoT ou encore la réalité augmentée et virtuelle, le secteur devrait également gagner en attractivité et attirer de jeunes talents.
Un bâtiment plus vert ?
Aujourd’hui, le secteur de la construction est le 2e secteur émetteur de CO2 après celui des transports routiers. Demain, grâce au BIM et aux données collectées par le smart-building, la conception du bâtiment sera optimisée et adaptée aux nouveaux usages. Avec la systématisation de la préfabrication, les matériaux utilisés seront plus diversifiés : bois, béton bas carbone, matériaux biosourcés, ... Ils limiteront donc l’empreinte carbone du secteur et favoriseront la recyclabilité et la réutilisation, des sujets portés par les évolutions réglementaires.
« L’urgence climatique adossée à une réglementation ambitieuse doit permettre au secteur de la construction de se réinventer et d’aller vers un objectif de zéro carbone, de passivité énergétique et surtout d’aller vers un modèle de bâtiment beaucoup plus responsable tourné vers l’utilisateur. », conclut Guillaume Sever.
1- BIM est l’acronyme de Building Information Modeling qu'on peut traduire par Modélisation des Informations (ou données) du Bâtiment.